CaroloScope Images de Charleroi au cours de l'Histoire

1789-1790 // Révolution brabançonne

 

Tapisserie de la Chambre de la Reine exécutée par Michel-Henri Cozette le fils d’après un tableau de Ducreux

Tapisserie exécutée par Michel-Henri Cozette le fils d’après un tableau de Ducreux

La mort de l’Impératrice Marie-Thérèse en 1780, plongea les Belges dans l’affliction. Cette grande princesse avait su attirer l’affection de nos pères par les soins constants qu’elle mit à respecter leurs libertés. Son fils aîné Joseph II, associé au gouvernement depuis 1765, lui succéda et sa position en montant sur le trône n’était pas difficile.

The_Coronation_Procession_of_Joseph_II_(detail)

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Malheureusement, éloigné d’un peuple très attaché à ses libertés, il voulut en tant que « despote éclairé » imposer des innovations qui violaient les privilèges garantis par la constitution, dont il avait solennellement juré le maintien. Notons surtout que les réformes religieuses et administratives dans les institutions politiques du pays portèrent de graves atteintes aux droits acquis et garantis par des chartes séculaires ; cependant qu’une espèce d’inquisition civile allait sévir. Ces mesures despotiques rencontrèrent dans tous le pays une opposition insurmontable ; la résistance s’organisa partout et l’exaltation patriotique étant parvenue à son comble, la cocarde brabançonne (rouge, jaune et noire) fut portée par tout le monde.

La Révolution Brabançonne

Entre 1787 et 1790 monte la Révolution brabançonne, en rejet aux réformes progressistes de l’empereur Joseph II.

Toutes les provinces, sauf le Luxembourg songèrent à s’unir par les liens les plus étroits, pour le maintien réciproque de leurs droits. Voilà que survient la nouvelle de la prise de la Bastille à Paris. Bon nombre d’officiers et soldats belges, au service de l’Autriche, désertent et s’enrôlent dans les compagnies de Volontaires-Patriotes levées dans presque toutes le villes. Le Général Van der Meersch remporte, aussitôt les hostilités déclenchées, une victoire sur les Autrichiens à Turnhout. Il est nommé Général en Chef de la nouvelle armée « belgique ». Après les combats de Marche, Beauraing, Natoye, Assesses, Nassogne, les Autrichiens en retraite se retirent vers la province du Luxembourg, où les esprits sont restés attachés à leur cause. in : Les volontaires réunis

armee des patriotes

armée des patriotes

 

(…) Dépités, les Autrichiens de Bruxelles contemplaient ces opulentes principautés qui ne collaboraient guère au redressement de l’empire autrichien, durement éprouvé par la Prusse et par les Turcs. Au xviiie siècle, les Pays-Bas du sud étaient sans aucun doute prospères. L’agriculture y était quasiment la plus productive du monde et l’exportation de textile mais aussi de produits de luxe y allait bon train.
Joseph IIL’empereur ‘éclairé’ Joseph II (qui régna de 1780 à 1790) se voyait placé devant le dilemme suivant: ou bien assainir radicalement son empire et lui conférer une meilleure cohésion au moyen de techniques de gouvernement modernes, ou bien succomber aux agressions de la Prusse, des Turcs et de leurs possibles alliés.
Les Pays-Bas du sud devaient être réorganisés de fond en comble de façon à fournir le maximum de contributions à l’Autriche. La réalisation de cet objectif supposait d’introduire également des réformes dans l’Église: les ordres monastiques non productifs devaient être supprimés et le clergé devait, outre ses obligations pastorales, veiller en premier lieu, non pas tellement aux intérêts de l’Église ou de Rome, mais à ceux de l’empereur.
Si le haut clergé n’éleva que de molles protestations contre la suppression de 165 monastères, il se déchaîna contre l’obligation pour les futurs prêtres de fréquenter le séminaire général impérial de Louvain (1786), où enseignaient des professeurs acquis à la cause de l’empereur, mais ils ne reçurent pas l’appui de l’opinion publique. La protestation ne se fit unanime qu’à partir du 1e janvier 1787, date à laquelle l’empereur supprima toutes les institutions administratives et juridiques anciennes et les remplaça par des tribunaux et des institutions neufs, conformes à la logique. Les protestations ne vinrent pas seulement des nombreux fonctionnaires et juges qui voyaient disparaître leurs offices bien rémunérés mais aussi de beaucoup de bourgmestres et d’échevins qui craignaient d’être dépouillés de leurs compétences et de perdre les derniers vestiges de l’autonomie urbaine médiévale. Les États des principautés se sentaient également menacés. Joseph II n’aurait pas seulement dû les consulter mais aurait en fait également dû leur soumettre ses réformes pour aval. Il semblait de surcroît que les vénérables principautés fussent vouées à disparaître pour laisser la place à des provinces gouvernées par des fonctionnaires impériaux (des intendants). Tout ceci signifierait la disparition de tout contre-pouvoir susceptible de s’opposer à l’absolutisme impérial.       In : Septentrion. Jaargang 18. Stichting Ons Erfdeel, Rekkem 1989

 

18 août 1789 : Déclenchement de la révolution à Liège. 

Le prince-évêque César-Constantin-François de Hoensbroeck est chassé par les  révolutionnaires menés par Jean-Nicolas Bassenge, devant se réfugier dans l’électorat de Trêves, d’où il cependant reviendra vite pour être replacé sur le trône par l’armée autrichienne qui réoccuperont la Principauté et les Pays-Bas du Sud.

Les aspirations formulées sont très comparables à celles qui triomphent alors en France. Certains auteurs notent une divergence dans les motivations qui conduiront, plus tard à la révolution brabançonne qui, elle, s’oppose principalement à la gestion « éclairée » de l’empereur Joseph II.

Les_Pays-Bas_autrichiens

Automne 1789 : Gand tombe aux mains des insurgés, Mons et Bruxelles se soulèvent. La « révolution brabançonne » chasse les Autrichiens qui évacuent les Pays-Bas en décembre.

Dès lors la révolution était d’ailleurs fort avancée. Les troupes impériales avaient peu à peu quitté la plupart des villes. Elles s’étaient repliées de Mons sur Binche et étaient passées à Charleroi marchant sur Namur et se réfugiant dans le Luxembourg. Le 9 novembre, le mouvement était fini à Charleroi et la dernière troupe quittait la ville. Dés le mois de décembre, Charleroi était en pleine révolution ; on y portait la cocarde patriotique rouge, jaune et noire, dont le père capucin Lallemand faisait une large distribution. Les États du pays de Namur s’étaient constitués et avaient établi, dès le 17 décembre 1789, «un comité de ville provisionnel composé entre autres de : Van Ringh, marchand, Deihy, procureur et notaire, Stevart, avocat, Lecocq, avocat, Deganty, avocat, De Marotte, propriétaire. De Posson, greffier du conseil et mayeur de Feix. » Ce comité, après la proclamation de la déchéance de Joseph II, le 20 décembre 1789, eut la plus grande influence sur la manière d’agir du magistrat de Charleroi, qui lui faisait demander une ligne de conduite. In : documents & rapports de la société paléontologique et archéologique de l’arrondissement judiciaire de Charleroi.1976

 

A cette époque, les idées libertaires et égalitaires françaises ont fait leur chemin chez nous. La révolution brabançonne s’étend bientôt à la majeure partie des Pays-Bas autrichiens …En Flandres et en Hainaut, on se rassemble en comité patriotique locaux. Le 13 décembre, à Charleroy, est lancé un appel : on exhorte  » … les habitants de la province de Namur et nommément les habitants de la ville et territoire de  Charleroi et des endroits circonvoisins de venir joindre notre armée patriotique. »

En quelques jours, l’autorité sur la partie autrichienne de la région est détenue par le comité patriotique de Gosselies.

 

Appel aux volontaires

Avis au public. Les États représentant le peuple du Pays et comté de Namur, etc.
Le Congrès souverain des Étals Belgiques-Unis, aiant reçu plus d’une fois des preuves des grands et importants services que .les volontaires ont rendus à la république, n’a pu se dispenser de céder au zèle et aux sollicitations réitérées de la plus grande partie des citoyens  qui désirent ardemment contribuer de leur bras et de leur vie au maintien de la Constitution et de la Religion de nos Pères, pour lesquelles nous avons combattu jusqu’aujourd’hui.

Ce sont les derniers succès qui doivent couronner le grand œuvre que l’on a si vaillamment commencé sous l’œil de la divine Providence, qui n’a cessé de conduire les généreux desseins des belges jusqu’au port salutaire de l’inestimable liberté, aussi le Congre souverain a cru qu’il convenait que tous les belges devaient y avoir part et participer au triomphe et à la gloire d’avoir revendiqué ses droits et vengé Dieu et sa sainte religion.

C’est pourquoi il a invité toutes les Provinces de l’Union à mettre en exécution un plan d’un corps de volontaires respectifs, qui conduira infailliblement au but salutaire que la nation se propose; aussi chaque province a saisi avec empressement cette occasion de prouver à l’envi le zèle, le courage et le dévouement de chacun de ses individus est animé pour la cause commune.

En conséquence, nous nous empressons de faire part au public de ce projet, persuadés, d’après les preuves réitérées que les habitants de cette province ont données de leurs sentiments patriotiques que nous en obtiendrons le plus prompt et le plus parfait succès.

Article I Tous citoyens en état de porter les armes, sont invités à prendre parti dans ces corps de volontaires, et à cet effet se présenter chez un des commissaires ci-après nommés(…)
COMMISSAIRES.
Pour la ville de Namur et ses environs. Pour le baillàge de Fleurus,
Messieurs : De Romrée. Limelelte, échevin. Pirot, avocat, Naveau, greffier.
Pour la ville de Charleroi et ses environs.
Monsieur : Gravez.
Fait et approuvé en l’assemblée général de l’État, le 26  août  1790.
in : rapports

Les États-Unis de Belgique

Les patriotes belges parviennent, en octobre 1789, à mettre en fuite l’armée autrichienne, qui se replie sur le Luxembourg. Des villes se soulèvent un peu partout. En janvier 1790, les insurgés proclament l’indépendance des provinces belges, qui forment les États-Belgiques-Unis.

Ces régiments portaient toujours le nom des provinces, villes ou même des abbayes où ils avaient été formés.Rég de Flandre (chass) Une légion Belgique, composée surtout de volontaires étrangers renforçait cette armée. Les régiments d’infanterie comportaient généralement trois bataillons de six compagnies, ceux de cavalerie : quatre escadrons. In :Organisation de l’armée des Patriotes (1°ébauche)

Le 4 septembre sortait une nouvelle circulaire des États de Namur ordonnant aux villes et aux villages l’enrôlement de volontaires pour un terme de trois semaines. C’était toujours le terme jugé nécessaire pour chasser définitivement de ce pays l’armée autrichienne.

Le révérend père capucin Paquet, le même qui, quelques années plus tard, remplit les fonctions de curé de la Ville-Basse était un patriote zélé ; il se mit à prêcher la guerre pour la liberté. Le mayeur Philippe Gravé enthousiaste partisan de la révolution avait donné sa démission pour s’occuper exclusive- ment du mouvement. Avec G. J. Dinne, il se mit à la tête des volontaires. C’était lui qui procédait aux enrôlements et aux détails de l’incorporation des conscrits en sa qualité de commissaire nommé par les États comme nous venons de le voir.

 

patriotes 1790

patriotes 1790

Dès le 6 septembre 1790 la compagnie de Charleroi, sous les ordres de ces deux chefs, était à Taviers où l’on expédiait les nouvelles recrues. Il en partait encore le 19. – Le 21 on chantait à Charleroi un Te Deum solennel en présence du magistrat et d’une grande affluence de peuple, puis l’on arbora le chapeau et l’arbre de la liberté sur la place de la Ville-Haute.

Il fallait des approvisionnements importants pour l’armée des patriotes. La Sambre était la principale voie employée dans ce but. Il fallut modifier le règlement de navigation sur cette rivière *, dans le but de favoriser et hâter les trans- ports de munitions. On commença par interdire aux usiniers des rives de se servir de seaux.

 

 

Bataille de Falmagne 22 septembre 1790

Bataille de Falmagne 22 septembre 1790

Le 22 septembre même avait lieu à Bouvigne la rencontre
avec l'armée impériale et ce qui devait arriver nécessaire-
ment arrivait. Les Autrichiens victorieux repoussaient vers
notre ville, les troupes patriotes qui entraient à Charleroi le
24 et en sortait le 26, suivies par le vainqueur. Dés lors le
mouvement révolutionnaire était terminé en notre ville, et
TÂutriche y reprit Tautorité. Les membres du magistrat prê-
tèrent à l'empereur un serment nouveau, et continuèrent
leur administration. C'étaient les mêmes hommes qui, nom-
més en 1788 parle Seigneur de Charleroi. Duc d'Aremberg,
avaient tenu le pouvoir pendant toute la période de la révo-
lution brabançonne et le conservèrent jusqu'à la première
invasion française, à la fin de l'année 1792. Un seul, le
mayeur Gravez s'était trop fortement compromis et ne reparut
plus au pouvoir. 

L'Autriche prit les mesures nécessaires pour maintenir
l'ordre et la police. C'est ainsi que le 7 septembre 1791,
sortit un décret impérial qui interdisait le port de tout insigne
patriotique et de toute cocarde quelconque.

12 janvier 1790 : Proclamation par les « statistes » de la République des États-Unis de Belgique.   Acte d’Union des Provinces Belgiques 1789

États_Belgiques_Unis

États_Belgiques_Unis

drapeau des États belgiques unis

drapeau des Étatsde Belgiques unis

La république des Etats Belgiques-Unis est constituée le 10 janvier 1790, mais déjà les ferments de discorde font prévoir la désunion entre les partisans de Vandernoot (conservateurs aristocrates) et ceux de Vonck (démocrates libéraux).

van den meersh

van den meersh

Le Général Van der Meersch, victime d’intrigues écœurantes, tombe en disgrâce, est arrêté et remplacé par le Général mercenaire prussien, Baron von Schoenfeld. Ce dernier, est vite impopulaire parmi ses troupes. Une première défaite contre les Autrichiens vient sanctionner l’indiscipline régnant dans son corps d’armée dénommé : « Colonne d’Andoy ». L’autre corps d’armée, dit « Colonne de Bouvignes », est commandé par le Général Koeler, mercenaire anglais, spécialiste de l’artillerie et comprend notamment des régiments de Bruges, Namur, des compagnies de volontaires du Hainaut, etc… Les régiments du Hainaut sont cités parmis les plus braves et disciplinés de l’armée. Le Général Koeler remporte quelques succès sur les Autrichiens.

A la suite d’intrigues et de pressions de la Prusse, de l’Angleterre, des Provinces Unies et surtout de la conduite déshonorante du Général en Chef, Baron de Schoenfeld, la Colonne d’Andoy se retire en désordre vers Bruxelles et se débande sans essayer de défendre la ville.

Le Général Koeler , reçoit l’ordre de se retirer et s’exécute à contre-cœur, en battant en retraite ordonnée en direction de Mons, en passant par Biesmes, Châtelet et Charleroi. C’est la capitulation et l’armée Belgique est licenciée à Gand le 3 décembre 1790. Cette page d’histoire permet d’évoquer un épisode de cette retraite dont Charleroi fut le théâtre. Le 25 novembre 1790, dans la matinée, la colonne de Bouvignes, commandée par le Général Koeler et forte de 6311 hommes, dont 1000 volontaires du Hainaut entre dans la ville, opérant sa retraite depuis le front de Meuse. Charleroi semble investi par les dragons Autrichiens et Koeler décide de faire sauter les ponts sur la Sambre, mais sur l’insistance des magistrats, il renonce à ce projet, cependant que la place est mise en état de défense. Le 26, l’ennemi a disparu ; il compte surprendre les volontaires aux « Quatres Bras » (carrefour des routes Nivelles-Gembloux et Charleroi-Bruxelles). Le même jour, vers 10 heures du matin, la colonne de Bouvignes en bon ordre quitte la ville en direction de Gosselies, puis, par un heureux stratagème, trompe les Autrichiens en empruntant des petits chemins souvent impraticables et se dirige vers Binche et Mons. In: Les Volontaires Réunis de la Révolution Brabançonne 1789

 

20 février 1790 : Joseph II s’éteint sans comprendre « pourquoi ses peuples ne l’aimaient pas »… Son frère lui succède sous le nom de Léopold II et cherche la conciliation.

27 juillet 1790 : Angleterre, Provinces-Unies et Prusse s’engagent à Reichenbach à garantir à Léopold II le rétablissement de son autorité dans les Pays-Bas.

Van-der-Noot-Henri

Van-der-Noot-Henri

Septembre 1790 : Van der Noot mobilise vingt mille paysans dans sa « croisade » pour la liberté mais les troupes autrichiennes des généraux Bender et Baillet-Latour les dispersent.

En décembre 1790, une armée autrichienne réprime la Révolution et rétablit le pouvoir impérial.

 

plus sur la révolution brabançonne : http://www.1789brabant.be //
La République des États-Belgiques-Unis (1790) | Connaître la Wallonie
voir aussi : La révolution belgique à Namur

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