CaroloScope Images de Charleroi au cours de l'Histoire

Avant 1666 : Charnoy, un petit village

868 : Première mention de Trazegnies et de Carnoit dans un document de l’abbaye de Lobbes.

1050: Karnoit

Puis Carneto, Charwè ou Charnwa (lieu planté de charmes)

Les albums de Croÿ. Comté de Namur. 1604-1605.

Charnoy - Vers 1600

Représentons-nous la boucle convexe de la Sambre vers laquelle se dirige un éperon schisteux piqué de touffes de bruyères et, sur le plateau qui le couronne, des « sarts » en partie défrichés. Une ceinture de bois où dominent les taillis, court de l’ouest à l’est : le bois de la Garenne (ou bois Jambus), le bois de l’Espille (la Broucheterre), le bois del Bol, enfin la haie au Poirier, dont le vallon est arrosé par le ruisseau du Spiniat.

La population s’est établie sur l’étroite corniche qui sépare la Sambre de la montagne et spécialement au bas du versant occidental de celle-ci : la rue de Dampremy, la rue des Tonneliers et les hauteurs derrière la Maternité (NDLR : à l’époque où Elie BAUSSART écrit ces lignes, la Maternité est sans doute celle qui se trouve rue de la Science, celle de la Reine Astrid aujourd’hui disparue n’ayant été inaugurée qu’en 1937). Les 40 manants et 3 veuves qui, avec leur famille, la composent en 1602, occupent des maisonnettes au toit de chaume, serrées pour une moitié en bordure de la mauvaise route qui, longeant la rivière, joint la route de Gosselies à celle de Montignies. Aucune cense (N.D.L.R : ferme): les habitants fabriquent des clous l’hiver, s’occupent de culture, à la belle saison, pour leur propre compte ou pour celui d’autrui.
La Sambre avait, alors, un cours extrêmement irrégulier : presque à sec en été, elle débordait facilement l’hiver. (ND.L.R : les inondations étaient encore courantes à l’époque où furent écrites ces lignes et ne cesseront vraiment qu’en 1937, date de la canalisation de la Sambre et de la suppression d’un de ses bras). La navigation y était fort difficile et d’ailleurs intermittente. Un passeur assurait les communications avec le village de Marcinelle, sur la rive droite, appartenant à la principauté de Liège.

description, de l’acteur Elie Baussart, historien amateur : in: http://www.eliebaussart.org/temoin.htm

Charnoy était situé sur la rive gauche de l’ancien lit de la Sambre, le site habité comprenait trois parties. La plus importante se situant sur le bord de la Sambre. La Broucheterre est une des deux autres parties, d’occupation plus récente que le groupe principal.

Le hameau se situait sur l’échancrure d’un vallon secondaire du ruisseau de Lodelinsart, sur le versant qui montrait des affleurements de grès, de schistes et de houilles. La houille s’y exploite. Le hameau est relié à Lodelinsart et à la partie la plus importante du village par un chemin qui emprunte la pente du bord du plateau.

Un dénombrement de 1602 indique que le territoire de Charnoy s’étend sur 276 bonniers (environs 350 hectares) et est habité par une cinquantaine de « chefs de famille ». http://www.communes.com

Au XVIIe, Dampremy, Lodelinsart, Gilly, Chatelineau, Fleurus, lambusart, mais aussi Viesville et Gerpinnes et ses dépendances relèvent de l’autorité namuroise, Tandis que Chappelle-Lez-Herlaimont, Seneffe Trazegnies, Souvre, Gosselies, Ransart et Aiseau sont des « terres franches » du duché de Brabant. La situation de Charnoy, petit village obscur relevant du comté de Namur, est à tout le moins excentrique au milieu de cet enchevêtrement.

Le comté de Hainaut ne possède que quelques petits villages : Piéton, Forchies-La-Marche et Courcelles. Convoitée par les puissants, la contrée se couvre de châteaux fortifiés: Arquennes, Trazegnies, Fontaine-L’Evêque, Gosselies, Mellet, Viesville, Farciennes.

Si des localités comme Gosselies, Marchienne-au-Pont, ainsi que Chatelet, Fleurus, Fontaine-l’Evêque et Seneffe continuent à se développer lentement à l’écart des grands courant commerciaux, la région, de nature essentiellement agricole semble vivre en marge des mutations profondes que connaissent les pays-Bas au XV et XVIe siècles, notamment avec le développement de la draperie. Ce pendant l’exploitation des gisement de minerais de fer et leur transformation selon des méthodes rudimentaires et empiriques enregistrent des progrès encourageants; d’autre part, le charbon, abondant dans le sous-sol est à l’origine d’un véritable foisonnement artisanal de houillères et de clouteries.
(…)

Les forges des clouteries et les « carreaux » des charbonniers sont encore de bien modestes éléments dans le paysage. Jusqu’au XVIIIe siècle, la clouterie et l’extraction de la houille sont des occupations secondaires qu’on abandonne pour l’agriculture dès que le temps est favorable.
(..)

(…) parce qu’il est sillonné au premier plan par une embarcation à fond plat dirigée à la gaffe, le cours d’eau qui coule à droite de la vue ne peut être que la Sambre, et non les ruisseau de Lodelinsart ou de Colleau, dont les vallons délimitaient le plateau à l’Ouest et à l’ Est. L’habitat est regroupé entre le grand chemin de Dampremy qui court au premier plan pour relier Mons et Namur, et les bords humides et marécageux de la rivière. In EDM-docs-cahier pedagogique

Au temps des représentations de De Croÿ (1604-1605, voir image) le village de Charnoy est peuplé de 300 à 350 habitants. Les ressources sont modestes. Les terres donnent de l’avoine, du seigle mais peu de blé, critère de leur qualité médiocres: aussi les habitants s’approvisionnent en blé au marché de Fleurus. Il n’y a pas de ferme. L’économie de la terre est avant tout pastorale. Les bêtes pâturent sur les prés, sur les sarts et dans les bois communaux. Il s’y fait un petit commerce de houille et de clous vers Namur. Le fer en verges pour les clous vient de la principauté de Liège.

David Teniers -le jeune- between 1640 and 1670

Een_boer_met_zijn_vrouw_en_kind_voor_de_boerderij.

Au Sud, le long des ruisseaux à forte pente qui descendent de l’entre Sambre et Meuse, à proximité de la forêt, pour l’approvisionnement en charbon de bois, et des gisements de minerai de fer, quelques établissement métallurgiques (forges, platineries) existent.

Depuis le XIVe siècle, une verrerie est exploitée à Leernes par la famille de Colnet. On les retrouve à Jumet-Hamende où, avant 1621; est construit un four à verre. C’est la première « fournaise » de la région. En 1669, Jean de Condé fonde au nord de la nouvelle ville de Charleroi une verrerie à laquelle Louis XIV accorde des privilèges. C’était sans doute la première verrerie à fonctionner au charbon. Avec le savoir-faire de ces maîtres-verriers venus de l’étranger, Jumet est vite devenue la plus importante commune verrière des Pays-Bas autrichiens.

Le patrimoine monumental de la Belgique, Volume 20.
E.Guillaume et Therèse Chantrain-Van Den Noortegaete

Liège, 1994. pp.23-24

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