CaroloScope Images de Charleroi au cours de l'Histoire

1666 : CaroLoregIUM FUnDatUr :
chronogramme
C
aroLoregIUM FUnDatUr (Charleroi est fondé)
Total: C + L + I + U + M + U + D + U = 1666

« Dis tertia septembris excellentissimus Franciscus de Moura Marchio de Castello Rodrigo fundatur Caroloregivm. tertiae septembris 1666. »
Soit, en français :  » Le trois septembre, son Excellence François de Moura, Marquis de Castello Rodrigo, a fondé Charleroi. »
in : R.Hasquin, De Charnoy-village à Charleroi-Métropole, Editions Labor, Bruxelles, 1969, p. 156.

Dans les Pays-Bas espagnols on se devait donc de boucher la « trouée de l’Oise », propice à une invasion française. Trois ingénieurs sont envoyés sur les bords de la Sambre à la recherche d’un site favorable à l’érection d’une forteresse. .On leur renseigne le village de Dampremy…Charnoy, lui, était une dépendance du village de Gilliers (Gilly). C’est sa situation géographique qui le favorise aux yeux des militaires

Par le traité des Pyrénées de 1659, la frontière entre la France et les Pays-Bas espagnols fut modifiée. Plusieurs places-fortes devinrent françaises laissant entre Mons et Namur un large couloir sans défense en direction de Bruxelles.La «Trouée de l'Oise»

Marquis de Castel-Rodrigo

Le marquis Francisco de Castel Rodrigo, gouverneur des Pays-Bas en 1664, veut renforcer les défenses militaires. Un des rares endroits, le long de la Sambre, appartenant au Comté de Namur (donc aux Pays-Bas) et propice à l’installation d’une forteresse est le village de Charnoy.

Le roi d’Espagne passa une convention avec le seigneur des lieux par laquelle il achetait la seigneurie de Charnoy.

Le chronogramme latin « FVNDATVR CAROLOREGIVM » est inscrit dans le registre des baptêmes de la paroisse du Charnoy à la date du 3 septembre 1666, c’est-à-dire le jour de l’ouverture des travaux de la forteresse6.

Le nom de Charle-roy fut choisi par le gouverneur de Pays Bas, le marquis de Castel Rodrigo en hommage à son nouveau souverain et mis d’application dès le 3 septembre, jour de la fondation, même.

La construction de la nouvelle forteresse commença vers la mi-septembre. Les travaux, malgré la saison, sont menés rondement sous la direction de l’architecte Van Es. En plus des soldats de la garnison, on recrute dans les villages environnants. Un entrepreneur avait  accepté de paver les chemins en un mois, moyennant dix milles francs flandriens.

construction

Les remparts sont élevés « à la manière de Pagan » (ingénieur militaire de Louis XIII, auteur d’un « traité des fortifications »).

Selon les espions de Louis XIV, en 1667, la place possède déjà ses 6 bastions mais est vierge de toute construction en son centre. « … les murailles ont 36 pieds de haut, y compris le parapet, hauteur qui serait portée à 50 ou55 pieds lorsqu’on aura creusé le fossé sec qui doit les entourer.. ».

Sur les fronts Est et Ouest, plus vulnérables, on crée des étangs artificiels.

Au sud ouest, en direction de Dampremy, un camp retranché abrite 4 régiments d’infanterie allemande.

En 1666  Louis XIV, invoquant le droit de « dévolution », revendique les Pays Bas méridionaux pour sa femme, sœur du défunt roi d’Espagne Philipe IV.

L’Espagne, gouvernée par Charles II, un enfant de 4 ans, doit renforcer ses lignes le long de la frontière des Pays-Bas.

Dès la début de construction, informé par des espions, Louis XIV décida de prendre Charleroy. Il envoie son armée menée par Turenne.  Devant la menace, Castel Rodrigo décide d’abandonner et même de démolir la forteresse qui avait coutée 28 % de la recette moyenne pour les années 1665 à 1667. Les derniers soldats espagnols quitteront les lieux le 27 mai 16677 sans avoir eu le temps d’en miner complètement les ouvrages. Dépourvues de garnisons suffisantes, Binche, Ath, Tournai, Douai, Cambrai, Audenarde, Lille et Alost subissent le même sort.

L'armée française devant Courtrai en juin 1667 par Adam François van der Meulen

Le marquis de Castel-Rodrigo, gouverneur des Pays-Bas, voyant que Philippeville et Mariembourg, tenus par les Français, approchoient fort près de la Sambre, de laquelle il n’y a que huit lieues jusqu’à Bruxelles, fit fortifier un village nommé Charnoy, situé d’un côté sur la Sambre, et de l’autre sur le Piéton, et il y fit travailler avec telle assiduité qu’il n’en bougeoit lui-même ; et au lieu de Charnoy, il nomma cette forteresse Charleroy, du nom du roi d’Espagne son maltre. La place étoitde six bastions et de six demi-lunes, qui étoient quasi achevées et revêtues ; et le marquis voyant l’orage qui alloit tomber sur sa tête, fit miner les bastions, et ordonna qu’à l’approche du Roi on les fit sauter. En effet, le maréchal de Turennc étant entré dans le pays par le Cambrésis, et s’étant avancé devers Charleroy, il trouva la place abandonnée et les bastions renversés. Les dehors étant demeurés tout entiers, l’armée y demeura trois semaines pour relever les brèches et remettre les bastions en défense : qui fut une très-grande faute, car la consternation et l’épouvante étoit si forte dans le pays, que si le Roi eût marché droit à Bruxelles, il s’en fût rendu maître; et tous les conseils qui y sont étant séparés, le trouble eût été si grand qu’il eût entralné la perte de tout le reste : mais le canon n’étant pas arrivé, le Roi durant ce séjour alla voir la Reine à Avesnes, laquelle y étoit venue exprès ; puis il retourna dans son armée.
Durant qu’on rétablissoit Charleroy, le maréchal d’Aumont entra par le côté de Dunkerque, et mit le siége devant Bergue-Saint-Vinox, qu’il prit en deux jours, où il perdit Saint-Lieu, maréchal de camp.  De là il fut assiéger Furnes, dont il se rendit maltre en aussi peu de temps. Il reçut ensuite les soumissions de Dixmude, qui étoit démantelé ; et puis il marcha devers la Lys, où il se saisit d’Armentfèrcs, et reçut dans cette ville un ordre du Roi pour investir Tournay d’un côté de l’Escaut, durant qu’il le bloqueroit de l’autre. In: Nouvelle collection des mémoires pour servir a l’histoire de France

Voir la suite dans : la guerre de dévolution

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