Le 2 juin 1667 , les Français prennent et fortifient Charleroi, place nouvelle qu’on construisait alors dans une forte position sur la Sambre et à laquelle les Espagnols venaient de donner le nom de leur roi Charles II. Le 7, la reine, accompagnée de la petitefille de Henri IV, mademoiselle de Montpensier, cousine germaine du roi, et des autres dames de sa suite, part de Compiègne pour aller se montrer aux nouveaux peuples que le roi venait de soumettre. Ce jour même, sous l’escorte de ses gens d’armes et d’un grand nombre de gardes-du-corps, elle gagna La Fère; le lendemain 8 elle alla coucher à Guise où elle trouva une nouvelle escorte qui fut jointe à la sienne et dont le marquis de Cœuvres prit le commandement. Le même jour le roi laissa le gouvernement du camp de Charleroi à Monsieur , son frère unique, et vint coucher à Beaumont. In : Archives historiques et littéreraires du Nord de la France et du Midi de la Belgique, Volume 6 (Livre numérique Google)1847

Vauban parachève la place

A peine construite, les espagnols doivent quitter Charleroy, ex-village de Charnoy choisi par les officiers du camps hollandais pour tenir ce que l’on appelle la « trouée de l’Oise » face aux français.

L’ouvrage a donc été pris avant achèvement et Louis XIV qui marchaient à la tête de ses troupes écrit : « dès l’ouverture de la campagne, je profitai sans coup férir de la dépense et des soins que Castel Rodrigo avait employé depuis deux ans à construire cette place.» En réalité, ces travaux n’avaient duré que neuf mois.
1672 :Les étangs artificiels sont agrandis sur les flancs Est et Ouest, plus vulnérables .

Décembre1672 : Deuxième siège pour la ville. Bien défendue, Charleroi ne tombera pas.

Cette alerte a retardé la réalisation de la ville basse, mais elle confirme Charleroy dans son rôle de place indispensable à contrôler et donc, elle l’accéléra lorsque le danger sera écarté.

1673 : Vauban incorpore 20 bonniers situés sur l’autre rive de la Sambre, sur le territoire liégeois de Marcinelle. C’est la ville basse. Les remparts doivent dès lors, au sud, protéger ce pont sur la Sambre qui permettra de s’affranchir des aléas des ponts fixes de Marchiennes et de Châtelet. La Sambre perdant son aspect défensif, vauban fait inonder les marais de Marcinelle. Les fortifications seront édifiées par Louvois. La « Louvoise » désignait le canal que l’on creusa au départ de l’Eau d’Heure pour créer une zone d’inondation autour des remparts de la ville basse.

1678 : […] Lorsque Louvois lui demande après la paix de Nimègue du 10 août 1678 de détruire les plans et les mémoires des places cédées (Charleroi, Ath, Binche Audenarde, Courtrai, Gand, Leeuw, Maastricht, Limbourg, Phillipsbourg et Puycerda), Vauban refuse mais ajoute qu’il faudra les garder comme prunelle de l’oeil et comme trésor inestimable »(lettre à louvois.26 juillet 1678)
Cependant, la circulation des plans des places ne cesse d’inquiéter Louvois, qui informe par exemple Vauban que des copies des plans de Lille circulent à Bruxelles (lettre du 12 juin 1689). Il est arrivé aussi qu’un ingénieur soit emprisonné pour le danger potentiel que représentait son savoir. In : Michèle Virol. Vauban: de la gloire du roi au service de l’État

En 1693, Vauban convainct le roi de reconquérir la place car : « cette place seule tient en échec Namur, Dinant, Charlemont, Philippeville, Maubeuge, Avesnes et Mons… Elle cause la ruine d’un pays équivalent à une bonne province, nous rend la Sambre inutile, le soutien de Namur très difficile…. Sa possession nous faciliterait les moyens de pouvoir faire subsister nos armées aux portes de Bruxelles… ».  Vauban dirigera donc le siège sous le commandement du maréchal de Luxembourg.